Le saviez-vous?
Qui était George Louis Leclerc, comte de Buffon (1707 – 1788) ?
Sep
Portrait d’un naturaliste passionné, qui, à la veille de la Révolution française, a ouvert la voie à une meilleure connaissance de la Nature.
Grand défenseur de la science expérimentale, cet homme aux multiples facettes est surtout connu pour avoir su observer les animaux et la nature afin les comprendre et les faire découvrir : il a ainsi, au terme d’une vie riche et surprenante, su rendre l’esprit scientifique accessible au grand public.
Ecrivain de grand talent, ses travaux naturalistes et les illustrations botaniques et zoologiques qui l’accompagnent ont fait l’objet d’un ouvrage majeur, en 36 volumes : Histoire Naturelle. Rédigée sur près de 50 ans de 1749 à 1804, ses 36 tomes, et près de 2000 planches illustrées, constituent l’une de plus grandes éditions scientifiques du Siècle des Lumières, auprès de l’Encyclopédie de Diderot.
George Louis Leclerc dit Buffon, a embrassé une vie multiple, faisant de lui non seulement un grand écrivain naturaliste et membre remarqué de l’Académie des Sciences, mais aussi un mathématicien, biologiste, cosmologiste et philosophe. Mort à l’aube de la Révolution française, Buffon a amplement participé à l’esprit des Lumières. Ses travaux et théories auront une influence sur deux générations de naturalistes, et pas des moindres : Jean-Baptiste de Lamarck ou encore Charles Darwin se sont référés à son travail pour élaborer le leur.
C’est qu’il faut être un sacré écrivain pour décrire le monde animal, surtout à une époque où bien des espèces étaient encore mystérieuses pour l’homme. Il a donc usé de son grand talent littéraire pour réaliser de véritable monographies sur les animaux.
Buffon disait que « bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir, et bien restituer, dans un style vif et animé, empreint de lyrisme. »
Administrateur, juriste et homme d’affaires avisé, Buffon a eu une vie bien remplie et une personnalité parfois incomprise ; on lui a souvent refusé sa qualité de savant, tant sa vie « professionnelle » fut variée. Savant, il l’était pourtant plus que tout autre : en atteste l’oeuvre de sa vie sur la découverte du monde animal et la transmission de ses savoirs.
« Lorsqu’on est parvenu à rassembler des échantillons de tout ce qui peuple l’Univers, lorsqu’après bien des peines, on a mis dans un même lieu des modèles de tout ce qui se trouve répandu avec profusion sur la terre et qu’on jette pour la première fois les yeux sur ce magasin rempli de choses diverses nouvelles et étrangères, la première sensation qui en résulte, est un étonnement mêlé d’admiration, et la première réflexion qui suit, est un retour humiliant sur nous-mêmes. »
De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle, 1749
photo – Gallica
Parcours de George Louis Leclerc : comment le bourgeois de province est devenu un si grand personnage de la cour royale, homme influent et admiré jusqu’à l’étranger.
Issu d’une famille bourgeoise bourguignonne, son père est conseiller du Roi. Il étudie d’abord le Droit, suivant les injonctions familiales, puis préfère la Médecine au grand mécontentement de son père. C’est au décès de sa mère, à 25 ans, qu’il se fâche définitivement avec son père et obtient le droit de disposer de sa fortune : il fait ainsi construire l’hôtel de Buffon, sur les ruines de la maison paternelle, et y installe une ménagerie, son cabinet de travail et un laboratoire. Il commence alors à signer « Buffon », émancipé du carcan paternel et fermement décidé à réussir dans ses domaines de prédilections. Il entre à l’Académie des Sciences, en 1734, quelques années après son arrivée à Paris, alors qu’il loge chez l’apothicaire du Roi.
A l’occasion d’un voyage en Angleterre en 1738 il parvient à intégrer la Royal Society de Londres : là-bas il y convainc ses paires de l’importance de l’usage du microscope comme instrument de recherche. On comprend alors que l’homme de sciences est aussi un homme d’influence, persuasif et doué d’une intuition scientifique exceptionnelle.
En 1739, se présente à lui l’opportunité d’une vie : succéder à l’intendant des Jardins du Roi ; Louis XV le nomme ainsi intendant de ses Jardins et Cabinets d’Histoire Naturelle. Le désormais célèbre Jardin des Plantes était à l’origine un simple jardin d’apothicaire, que Buffon transformera, des décennies durant, en centre de recherche et en musée mondialement reconnu. Il fera planter dans le Jardin des Plantes Royal des variétés d’arbres venues du monde entier. Il restera 50 années à la tête de cette institution culturelle et scientifique, grâce à laquelle il réalisera une grande partie de son oeuvre.
Buffon gère les Jardins du Roi et les Cabinets de curiosités avec passion et sait s’entourer. Il mène des opérations audacieuses – et fructueuses pour sa fortune personnelle – pour agrandir les Jardins et faire rayonner dans le monde entier les Cabinets de curiosités et les savoirs qu’ils renferment.
Ce rôle lui confère une aura exceptionnelle en France et à l’étranger : il devient ainsi un grand personnage visité, et très gâté !, par les Prince d’Europe.
Sa grande particularité : transformer ses merveilleuses découvertes scientifiques en de très bonnes opérations financières. Buffon, dont la famille était fortunée, restera toute sa vie un homme aisé, auréolé de gloire, grâce à un parcours atypique entre les fastes de la cour royale, les recherches scientifiques, et des opérations financières réussies qui lui permettront d’étendre sa fortune et son influence.
Histoire Naturelle, 36 volumes recensant et décrivant les plus grandes découvertes animales de Buffon
George Louis Leclerc, comte de Buffon, partage sa vie entre les Jardins du Roi et sa maison de Montbard, sa ville de naissance : un riche domaine auquel il annexe les ruines d’un château médiéval, où il travaille à la sylviculture, l’une de ses grandes passions. Il y devient aussi métallurgiste, en installant une forge où travaille presque 400 ouvriers à son compte. Il y gère, de loin, ses fonctions d’intendant des Jardins du Roi et se consacre à l’écriture de l’ouvrage de toute sa vie : Histoire Naturelle. 36 volumes où il publiera ses descriptions et des illustrations de la nature toute entière, telle qu’il la découvre et l’étudie minutieusement. Son objectif : rendre l’esprit scientifique de l’époque accessible à tous. Né d’un projet de description du Cabinet de curiosités du Roi, cet ouvrage prend une ampleur inédite grâce à la fougue et la persévérance de Buffon.
Les hypothèses sur les origines de la Terre qu’il développe dans le premier volume lui attirent les foudres de la faculté de théologie, pourtant son succès est sans appel auprès du public. Faisant fi des nombreuses critiques qu’il reçoit, Buffon persévère. Dans ses derniers ouvrages, on trouve les prémices de la géologie et de la paléontologie du XIXe siècle, car cet homme curieux et savant a su marier son intuition et son expérience pour dessiner l’un des plus grands ouvrages scientifiques sur la nature et les animaux.
A sa mort, à la veille de la Révolution française, les critiques se multiplient, tant sur la méthode, le fond ou la forme de son travail, mais l’ampleur de son oeuvre en font une référence majeure. Quant au Jardin du Roi, devenu Muséum d’Histoire Naturelle, il ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans le demi-siècle de travail et de collaborations menés par Buffon.
« Que faut-il pour émouvoir la multitude et l’entraîner ? Que faut-il pour ébranler la plupart des autres hommes et les persuader ? (…) il faut des choses, des pensées, des raisons ; il faut savoir les présenter ; les nuancer, les ordonner ; il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux ; il faut agir sur l’âme et toucher le cœur en parlant à l’esprit. » Extrait de son Discours sur le style, prononcé lors de son élection à l’Académie des Sciences, en 1753
Mais qui a vraiment dessiné les animaux de Buffon ?
Son oeuvre rayonne dans le monde entier, son style littéraire est remarqué, autant que sa méthode de travail – pour laquelle il collabora avec de nombreux paires : Louis Jean-Marie Daubenton, Philippe Guéneau de Montbeillard ou encore Barthélemy Faujas de Saint-Fond.
Toutefois, malgré ses multiples talents, Buffon n’était pas illustrateur, il s’est attaché les services des grands dessinateurs de son époque pour réaliser les gravures illustrant « Histoire Naturelle ».
Jacques de Sève fut son grand collaborateur pour les gravures de quadrupèdes, et François-Nicolas Martinet assura les dessins d’oiseaux. C’est ainsi que Buffon fit créer près de 2000 planches qui parsèment son oeuvre, représentant dans des décors mythologiques et oniriques, les espèces du règne animal.
Sources / Pour aller plus loin :
Découvrez l’univers de Buffon sur notre tableau Pinterest
Nos dernières planches, d’après des illustrations de l’oeuvre de Buffon, en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France : Espèces choisies d’Europe et d’Afrique
