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Fraîcheur et modernité des morales de Jean de La Fontaine : secrets de jouvence des Fables

fables de la Fontaine, illustrations Boutet de Monvel, BNF

Jean de La Fontaine (1621-1695) est l’un des auteurs de littérature française des plus célèbres et transgénérationnel. Et son succès perdure avec la même intensité, 400 ans après sa naissance ! C’est sûrement l’auteur que les jeunes enfants découvrent en premier ; celui qui les lie instantanément à leurs parents et grands-parents, tant la « culture des fables », leur humour et leurs morales restent immuables.

On célèbre cette année le quadricentenaire de sa naissance : 400 ans donc que le poète et moraliste, né en 1621 et mort en 1695, est lu et relu, cité et récité. En 2021, il fascine toujours autant petits et grands : qui était Jean de La Fontaine et à quoi tient son succès atemporel?

La Fontaine, un personnage libre et haut en couleur 

Connu et célébré encore aujourd’hui, 400 ans après sa naissance, pour ses Fables – un ouvrage présenté comme l’un des plus grands chefs d’oeuvre de la littérature française – Jean de La Fontaine est un poète, auteur de contes, de pièces de théâtre et de livret d’opéra, mais c’est avec les Fables, publiées en 12 livres, sur 3 volumes, qu’il brille dans la culture française et dans l’esprit de tous les écoliers. Les Fables, cette oeuvre à part, résonne dans les écoles depuis toujours, mais sa grille de lecture à double fond en fait un travail unique en son genre car la visée morale des textes est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait !

Son premier recueil de Fables (livres I à VI) est publié en 1668, le deuxième (VII à XI) en 1678 et le troisième (livre XII) est daté de 1694, soit un an avant sa mort.

Issu d’une famille de marchands drapier en voie d’anoblissement, il nait et grandit à Château-Thierry. Après des études de Droit il obtient un diplôme d’Avocat, dont il n’aura pas tellement l’usage. Durant ses jeunes années, il développe déjà son art, et fréquente très tôt un cercle de poètes. Marié de force à 26 ans à une jeune fille de 14 qui lui donnera un fils, Charles, il se lasse très vite de son mariage et ses fréquentations parisiennes sont celles des sociétés précieuses et libertines. Voilà déjà de quoi en faire un personnage peu consensuel et qui s’offre la liberté de vivre et d’observer la société sous toutes ses coutures.

Personnage insaisissable, haut en couleurs, au regard acéré sur l’humanité, la politique, la royauté, mais aussi sur lui-même, il intrigue et fascine jusque dans son épitaphe, qu’il rédige lui-même :

« Jean s’en alla comme il était venu,

Mangeant son fonds après son revenu ;

Croyant le bien chose peu nécessaire.

Quant à son temps, bien sçut le dispenser :

Deux parts en fit, dont il souloit passer

L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire. »

S’attribuant un caractère paresseux et désinvolte, Jean de La Fontaine ne fait que renforcer l’idée qu’on a eu de lui : un personnage libre, vif qui a su « cacher » avec facétie la richesse de son travail – derrière la facilité apparente de ses oeuvres, se cache une écriture complexe et un message fort et universel. Ce qui explique qu’aujourd’hui encore ses fables résonnent si bien à nos oreilles.

Portrait à l'huile de Jean de La Fontaine BNF

Portrait, Gallica/BNF

Le secret de jouvence des Fables de La Fontaine 

Autant de modernité dans des textes anciens de presque 400 ans, comment est-ce possible ?

C’est Erik Orsenna qui éclaire bien la question dans la biographie qu’il a consacrée à l’auteur.

“Ces fables sont un kit à comprendre l’espèce humaine” nous dit-il alors.

Les traits de caractères humains sont particulièrement bien croqués, sous les plumes et les fourrures d’animaux à peine caricaturaux ! Les saynètes mettent en lumière les travers de l’humanité, mais le trait animal rendent peut-être les critiques plus digestes ?

Quant aux enjeux politiques : pouvoir ou oppression, rapports de forces, décentrés de l’homme, ils sont incarnés par des animaux pour faire mieux ressortir la cruauté, le grotesque de certaines situations.

Animaux faire-valoir de l’homme pour mieux le décrire ? Ils sont surtout des révélateurs, pédagogues pour comprendre nos travers et les mouvements qui nous animent, et sous-tendent nos sociétés.

Ils sont en fait des miroirs de l’homme, ou plutôt des couvertures. Peut-être La Fontaine les voyait-il comme des alliés pour mieux croquer la société, la politique et l’envie de pouvoir absolu qui ronge l’humanité.

Il faut dire qu’à l’époque pour éviter la censure il fallait faire de sacrés pirouettes ! C’est ce qu’a fait La Fontaine : pour dire ce qu’il pensait, il s’est déguisé en toutes sortes d’animaux et a manié les vers de façon incroyable. Des messages presque imperceptibles sont logés dans chaque Fable.

Pour autant, Jean de La Fontaine, moraliste, n’est pas accusateur dans la forme ; il laisse à son lecteur la possibilité de creuser ou pas, d’accéder ou pas à une seconde interprétation plus poussée.

Référence immuable pour des générations d’écoliers, que nous disent les Fables que l’on n’apprend nul part ailleurs ? C’est avant tout leur bon sens et le sens de la formule de La Fontaine qui font des Fables des oeuvres inoubliables. Derrière certains mots étranges du vieux français, qui attisent la curiosité, on saisit facilement l’humour et l’ironie de l’auteur. Avec le coup de pouce d’un bon professeur, on comprendra les enjeux politiques, la vision acerbe de La Fontaine sur ses contemporains, et on retrouvera les mécanismes à l’oeuvre face au pouvoir qui sont aujourd’hui encore les mêmes !

On parle de fond, mais n’oublions pas la forme : textes courts et percutants, ne nécessitant pas une concentration et une mémoire folle, la fable a des arguments « marketing » 2.0 ! très 21e siècle en somme…

Instagramable la fable ? Pourquoi pas. Jean-Joseph Julaud, ex-prof de littérature, auteur, nous éclaire *:

« Elle n’exige pas de la mémoire un effort surhumain. La morale se retient facilement. La Fontaine a aussi recours à une langue qui valse, qui danse en diversifiant le rythme des vers, en utilisant aussi le sujet-verbe-complément (…)

Il ne dit pas ce qui est bien et ce qui est mal, il n’est pas accusateur, il nous laisse libre d’interpréter et surtout d’être comme on est ».

Elle est d’autant plus efficace qu’elle est illustrée la plupart du temps : postures et réparties sont gravées, dessinées ou peintes, selon les ouvrages dans des styles variés.

La Fontaine au CAC 40 ?! Ça se pourrait bien. « Celles qui racontent les relations entre chefs et dominés, les Obsèques de la lionne ou le Cochet, le Chat et le Souriceau, sont tout à fait transposables dans le monde de l’entreprise » nous rappelle Jean-Joseph Julaud.

Nous vous invitons à les relire pour mieux les savourer.

*Extrait d’une interview donnée au Parisien

Voici, pour finir, deux conseils de lecture pour célébrer l’auteur :

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